Le Plan d’Occupation des sols étant caduque depuis longtemps, le passage à un Plan Local d’Urbanisme aurait dû se faire depuis 2015. Enfin sur certains points le projet avance, même si dans son état actuel il soulève de très graves questions. Il est lourd en effet de menaces pour notre commune.

Un PLU est composé de trois documents, plus des annexes : tout d’abord un rapport de présentation qui fixe les orientations du plan et en détermine la stratégie. En fonction de ces orientations, un plan de zonages détermine les secteurs constructibles, les secteurs agricoles, les zones naturelles et des zones de projets. Enfin, sur chacune de ces zones une réglementation ; on parle du « règlement du PLU ». Rien ne sert de faire un règlement si ensuite il n’est pas respecté.

 Il y aura une enquête publique quand le projet sera approuvé par le Conseil. Chacun pourra intervenir. D’abord au titre de ses biens. Mais aussi au plan des orientations et des projets que le Conseil municipal entend conduire et qui vont engager l’avenir de notre commune du Mont. Un PLU c’est un vrai projet politique, qui à ce titre doit être débattu. L’architecte qui a élaboré le projet est un professionnel qui travaille sur les ordres et selon les directives du maire et de la majorité. Il transcrit, dans le rapport et sur les plans, les projets du maire et sa vision sur l’avenir de la commune. C’est donc cette vision de la commune pour son avenir, à savoir celle du maire, qu’il faut analyser et si nécessaire critiquer.

Quatre points positifs dans le projet, sans compter que le projet de rapport de présentation est bien rédigé, avec une grande habileté, trop parfois, puisque le projet masque de graves contradictions.

Premier point positif : les zones agricoles sont protégées, même dans les zones interstitielles entre les zones construites. Il faut soutenir nos agriculteurs qui entretiennent nos paysages. Sous réserves d’exceptions, grâce à nos agriculteurs. Dans la même veine, certains espaces agricoles sont préservés au titre supplémentaire de leur qualité paysagère. (C’est le cas pour le plateau d’Alloup et pour l’espace en dessous du presbytère)

Second point positif : Sur les zones urbanisées ou à aménager, le PLU prévoit des éléments de souplesse ; à la fois sur des zones de projets d’aménagement (zones OPA) et sur les maisons existantes ou une extension de 30 % de la surface existantes sera possible. Ces éléments de souplesse sont indispensables. Si on établit un POS ou un PLU trop rigide, on ne sait plus comment gérer de nombreux cas concrets qui se présentent. Un rien de souplesse est une nécessité. Je sais cela d’expérience.

Troisième point positif, le rapport de présentation souligne fortement la nécessité de préserver et de mettre en valeur le patrimoine environnemental et naturel de la commune. Ce qui fait l’identité profonde de notre commune.

Quatrième point positif : deux zones sont prévues pour construire des logements locatifs. La loi en fait l’obligation, mais c’est aussi une nécessité pour permettre l’établissement de jeunes sur le Mont.

Cela dit, le projet de PLU est traversé par une contradiction majeure, de la plus extrême gravité.  Le PLU se donne comme priorité « La préservation d’un patrimoine paysager et environnemental remarquable (sites classés, point de vues remarquables, présence de zones humides …) » etc… mais le projet est parfaitement incohérent (une sorte de schizoïdie), quand ensuite il entend faire la place à trois projets qui mettent gravement en cause ce patrimoine environnemental.

Tout d’abord le projet insensé d’établir une passerelle suspendue par-dessus la gorge du Cé ; une zone spéciale est prévue « NT » qui part de la route de Chamoule, un lieu étriqué, sans aucune relation à un ensemble de lieux et d’équipements touristiques, pour aboutir dans la zone du cimetière. A une extrémité la passerelle partira d’un lieu sans intérêt, une sorte de lieu « nulle part ». Un projet dispendieux (on parle de 1,4 million d’euros, et ce sera peut-être plus !), dont l’utilité touristique est médiocre et prétentieuse. Ce projet « m’as-tu-vu » représente une monstrueuse incongruité. Le site de l’église est si remarquable qu’à juste titre il a été classé en 1939, au titre précisément des paysages. Bien plus, notre église et son site ont du « sens », parce qu’ils disent l’histoire et l’identité de la commune. Ce lieu de l’église sur son promontoire, ainsi que le cimetière qui la jouxte, sont l’un et l’autre des lieux hautement symboliques, des lieux culturels, des sortes de « mémoriaux » de l’identité de la commune ; et voilà que loin de les mettre en valeurs et de leur laisser la parole, on veut leur faire concurrence par une passerelle incongrue qui va vouloir faire « monstrance » d’elle-même ; tout sauf la discrétion et l’insertion respectueuse dans le site. En parfaite contradiction avec l’un des objectifs majeurs du projet de PLU, à savoir « la préservation d’un patrimoine paysager et environnemental remarquable (sites classés, point de vue remarquables…) ». Ce projet a « tout faux ! ». Au juste, il y a dans le dernier bulletin municipal cinq photos qui montrent le caractère exceptionnel du site de notre église du Mont. Respectons ce site !

Ensuite, le projet insensé et scandaleux de vouloir artificialiser et dénaturer le site remarquable du plateau des Frachets et de Cenise. Ce site est un patrimoine naturel d’exception. Lors des deux soirées de consultation participatives « citoyennes », où nous devions débattre de la promotion touristique du Mont-Saxonnex, les participants, engagés et motivés, ont exprimés leur hostilité ferme à toute tentative de dénaturer ce site remarquable. Sous la pression du Président Martial Saddier, on voulait faire avaler aux participants le projet d’un télé-porteur, partant de Morsullaz pour monter sur le haut du plateau des Frachets-Cenise, arrivant soit sur le Chatelard soit plus haut vers le col de Cenise. Ce site naturel est tout à fait exceptionnel, remarquable en termes de paysage, mais aussi pour son patrimoine environnemental avec ses zones humides. Le rapport de présentation les évoque en disant la nécessité de les protéger, mais ensuite il laisse la possibilité d’artificialisé et de « dénaturer », pour ne pas dire massacrer cette zone. Là encore le bulletin municipal montre des photos du site qui prouvent la nécessité de le protéger. Allez voir les photos sur le site du collectif « Sauvons Cenise » : ça parle de soi ! 

Avec Marnaz, le Reposoir et Brison, c’est « le tout » de cet ensemble qui forme un patrimoine environnemental d’exception et qu’il faut mettre en valeur et promouvoir, ce qui est très mal fait à l’heure actuelle. C’est l’une des contradictions majeures du projet de PLU et de son rapport de présentation.

Lors des deux soirées de consultation et de réflexion sur l’avenir touristique de notre commune, les participants dans leur grande majorité ont exprimé leur opposition résolue à ce projet de station artificielle. Le maire a prétendu que les participants de ces deux soirées n’étaient pas représentatifs de la population de la commune. Or au contraire ils représentaient des Dumonts motivés, soucieux de l’avenir de leur commune, soucieux de la qualité de vie de ses habitants et qui visiblement avaient une vraie intelligence de l’identité de la Commune. Ce n’est pas d’une grande honnêteté intellectuelle de demander à des citoyens du Mont de se motiver, de consacrer deux soirées pour réfléchir en ateliers pour faire part de leurs attentes et de leurs propositions en matière de promotions touristique de la commune, pour ensuite dire que leurs propositions et leurs réflexions ne valent rien. Etrange conception de la démocratie participative. Et la contradiction se poursuit car le rapport de présentation passe sous silence le fait que le patrimoine potentiel extraordinaire de chemins de randonnée, avec des possibilités de circuits et de boucles, est très mal entretenu ou laissé à l’abandon. A un moment, il faut que les actes concordent avec le discours : on ne peut pas dire dans un rapport de présentation que le patrimoine environnemental de la commune est remarquable et qu’il faut le mettre en valeur, pour ensuite laisser les sentiers dans un état d’entretien lamentable, ou les laisser se fermer et tomber en déserrance.

Autre contradiction : au rapport de présentation comme au plan de zonage, il est prévu un lac de baignade biologique. Reprise du lac biologique de baignade à Malsaire, le lieu des grands courants d’air. Au coût faramineux de l’investissement s’ajouteront les coûts de fonctionnement, et les complications sans fin du point de vue sanitaire. Une commune plus riche que nous se ruine à faire fonctionner son lac de baignade prétendument biologique, pourtant situé dans un site remarquable et dans un environnement touristique considérable : Pire, au regard des problèmes de pénurie à venir d’eau, le projet est insensé. Rappelons qu’un projet de PLU se doit d’être un projet de cohérence. Or avec l’accumulation des projets aux coûts faramineux, notamment en matière de coûts de fonctionnement, je ne vois guère la cohérence économique et financière de ce projet de PLU. Surtout, quand on est dans un territoire riche d’autant de paysages à ce point remarquables, on n’y porte pas atteinte en les massacrants.

La question l’eau et du risque incendie est primordiale ; nombre de nos hameaux ne sont pas alimentés en eau potable et sont dépourvus des équipements de sécurité nécessaires en matière d’incendie. Au lieu de se lancer dans des projets dispendieux et irréfléchis, des projets de prestige, il faut commencer par assurer aux habitants du Mont ce service indispensable de les approvisionner en eau potable. Qui plus est de prévoir les réserves d’eau nécessaires à la protection des risques d’incendies. Au hameau de la Gouille, la commune a construit un réservoir d’eau, mais sans y associer une possibilité de pompe à incendie. Au hameau de Morsullaz, le risque est plus grave encore. Les habitants se sont débrouillés tout seuls pour aménager une source. Au vu de la gravité de la situation, vous comprenez le côté dérisoire du projet de lac de baignade biologique. La municipalité se trompe lourdement sur les priorités qui doivent être celles de la commune.  Le problème est de même nature sur les deux hameaux du Bété et sur le hameau de la Gouille. La municipalité précédente avait prévu dès avant 2014, en relation avec la SAUR, la construction d’un réservoir de 1 000 m3 aux Mouilles.  En 2015, lors d’une réunion avec les habitants du Bété, le maire avait dit qu’il ferait aboutir cette réalisation. Sept ans après, rien n’a avancé. Or il y a des solutions à condition de le vouloir et de connaitre le terrain. Je crains que la situation ne soit pas meilleure sur d’autres hameaux. Lors de la réunion publique le maire a évoqué le projet de réservoir, mais sans dire que depuis huit ans rien n’a avancé en la matière. Or quand on parle d’un PLU on dit comme le nom l’indique un « PLAN » et donc des priorités. Or ce sont sur ces priorités que le Plan Local d’Urbanisme fait problème.  Il faut ranger au placard les projets dispendieux, prétendument de prestige, qui n’apporte rien ou pas grand-chose aux habitants du Mont, pire quand ils sont destructeurs de notre patrimoine environnemental exceptionnel. Il faut espérer que les services de l’Etat, ne vont pas plier devant des projets destructeurs du patrimoine naturel et ce malgré la pression exercée par le président du Département.

Les services de l’Etat devraient veiller par contre à ce que les règles d’urbanisme soient respectées sur le Mont-Saxonnex, qu’il n’y ait ni passe-droit ni infractions. Faute de quoi, il ne sert à rien de faire un règlement d’urbanisme ! Là encore la responsabilité du maire est directement engagée, et pas seulement la sienne.     Le 20 juillet 2022  Xavier Charpe.